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Plaidoyer pour les religions

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Depuis des lustres, des libres-penseurs prennent un malin plaisir à vilipender les religions qu’ils assimilent à une entreprise d’extrémisme, de violence, de sauvagerie et donc de déshumanisation. Profitant de la scabreuse et tragique affaire Mohamed Merah, du nom de ce « fou » qui fit un carnage dans une école de Toulouse en Mars 2012, rebelote ! Franchement, leur thèse résiste-t-elle à la critique ? Voyage au cœur d’un débat passionnant et parfois passionné…

Homicides volontaires d’un islamiste schizophrène, invasion de l’Azawad par des hommes enturbannés, sempiternelles guerres au Soudan, attentats récurrents, destructions de lieux de culte… Quel capharnaüm! Dans ce cynique imbroglio, il se trouve des ouailles illuminés d’Afrique pour prôner un retour aux sources africaines de spiritualité.

Sous ces maudites cendres sanguinolentes, ils arguent que tous les Musulmans et Chrétiens sous nos tropiques, l’ont été sous la pression des leurs. Leur analyse est souventes fois teintée d’un brin de pertinence quant aux pressions exercées par certains parents, notamment musulmans, afin que leurs rejetons se soumettent à leur « unique voie » de salut ; ce qui ne dédouane pas les autres congrégations.

Déjà, là, les religions sont tragiquement engagées dans une compétition mortelle, fratricide inutile si l’on s’en tient aux origines uniques de l’adoration d’un Dieu unique incarné par le patriarche que fut Abraham. Il en va de même pour le coup de grâce porté au cœur de la liberté d’opinion et de religion. Cela pourrait constituer un succulent sujet de réflexion.

Cependant, dans leurs arguties, le hic est que ces savants tropicaux ne jugent que les actes des hommes qui ont rendu les religions violentes et sauvages. Pour ma part, m’abritant derrière le solide postulat de l’existence de Dieu, une réelle forteresse, je n’évoquerai que le message divin originel. Pas les dérives des pauvres pécheurs que sont les humains, même si des fanatiques hérétiques sont tentés d’en diviniser une poignée.

Jamais, la religion (cf. « religare » au sens étymologique), sublime moyen de se mettre en relation sacro-sainte avec Dieu, ne saurait être synonyme de haine, de violence, de meurtres, de guerres et d’animosité gratuite. Tout cela est l’œuvre de l’homme. Comment les religions, qui prônent toutes l’Amour, peuvent-elles avoir un Dieu responsable des tueries en Afrique ou ailleurs? Diantre ! Dieu n’est coupable de rien dans nos turpitudes et malheurs.

Tout ce qui est immonde, abject, attitudes bestiales et iniques est de marque humaine, un label ubuesque, une vaine tentative de justifier l’injustifiable : la bêtise humaine.

Dieu, qu’il soit occidental, asiatique,  africain ou universel, ne saurait être violent et/ou sadique. Sa belle nature le lui interdit. Et les religions sont les différentes déclinaisons de son unique message limpide et fraternel : AIMONS-NOUS LES UNS LES AUTRES.

C’est là la matrice qui servit de socle prophétique à tous les Envoyés. Mais l’homme a décidé de prostituer la Parole de la force transcendantale. Pour des desseins inavoués ou simplement des raisons mercantiles et hégémoniques. D’où tous les travers qui souillent la soutane et la djellaba. Ces tares n’ont rien à voir avec une quelconque dévotion religieuse.

Par ailleurs, sur le chapitre de la conversion, je m’écrierai avec véhémence.  Non ! Tous les Musulmans et Chrétiens ne le sont pas nécessairement devenus par la force ou la contrainte parentale. Certains, usant de leur libre-arbitre, ont pu faire leur propre choix en toute connaissance de cause.

Nier effrontément cette implacable réalité, c’est faire un pied de nez à l’intelligence de millions de personnes réfléchies et parfois même sages.

Pour tout dire, ces énergumènes de « prieurs » qui tuent et saccagent ne sont pas le prototype du Musulman dont le Coran fait le merveilleux portrait à travers les versets 17-18-19 de la Sourate 31 (Luqmân) et je cite: « Ô mon enfant, accomplis la Salat (la prière), commande le Convenable, interdis le Blâmable (…)/ Et ne détourne pas ton visage des hommes, et ne foule pas la terre avec arrogance: car Allah n’aime pas le présomptueux plein de gloriole. /Sois modeste ». N’est-ce pas là un Code de bonne conduite pour tous ceux qui veulent parcourir le sentier qui mène vers Dieu et ses Jardins de délices?

De plus, Jésus de Nazareth ne déclarait-il pas à ses apôtres et aux croyants dans l’Evangile de Jean 14:6: « Je suis le chemin, la vérité, et la Vie. Nul ne vient au Père que par moi »? Or, on le sait, le fils de Marie était un modèle de perfection humaine. Ne pas appliquer délibérément ces recommandations du Père, c’est se comporter en négateur de la vraie Parole du Seigneur.

Et c’est cette forme d’apostasie dont Mohamed Merah est coupable. Comme lui, tous ceux de son acabit (Alqaïda, intégristes, Boko Haram, Aqmi et autres) qui prétendent être des ambassadeurs de Dieu sur terre. Des paraclets en somme ! Le ver est dans la créature. Et ce ne sont pas les bribes de fossiles ressuscitées du fond des abysses de l’histoire de l’humanité (évocation tendancieuse des croisées et croisades) pour avilir et calomnier qui affecteront une once de la foi des dévots contemplant avec amour et conviction le visage lumineux du Créateur, dans l’allégresse et le zèle mesuré, en se cramponnant aux divines Ecritures.

Tout ceci relève moins de préceptes religieux normaux plus de réelles déviations comportementales dites d’intégrisme prétendument religieux.

Pour ce qui est du farfelu blanc-seing de noble virginité qu’on voudrait décerner aux croyances africaines, cela peut, tout aussi, être sujet à caution. Les sacrifices humains pratiqués par nos Ancêtres sont encore vivaces dans les esprits. L’élimination du dixième enfant, l’enterrement des rois avec des corps d’humains considérés comme captifs, l’excision, l’intronisation des suzerains africains précédés de libations couronnées de dépouilles d’individus que les « sages » ont fait passer de vie à trépas en sont des exemples éloquents.

Quel Africain intègre peut valablement réfuter ces pratiques sacrificielles surannées qui ne nous font pas forcément entrer dans la thébaïde civilisée de l’homo-sapiens ? D’ailleurs, les religions dénoncées plus haut par certains piètres Sachants, ont permis d’atténuer ces comportements qui n’étaient que le reflet d’un paganisme avéré.

Est-ce ce que prônait l’essence de ces religions africaines? Je reste dubitatif, si je considère qu’en forgeant ces systèmes de spiritualité fondés sur la verticalité de l’adoration, nos Aïeux étaient mus par l’humanisme africain, l’humanisme originel hérité de la Providence. Celui qui intègre l’idée de « Gnanmien », « Lâgô », « Klôtchôlô », l’esprit de Dieu.

Mais, comme le prétendit Thomas Hobbes dans Le Léviathan, « l’homme est un loup pour l’homme ». Voici la maudite source de la myriade de dérives qui empuantissent toutes ces sublimes religions qui ont une incommensurable portée sociale et spirituelle. Toutes les religions sont absolument pures et saintes. Et aussi codifiées.

Au total, le mal séculaire qui balafre la face des religions provient de l’espèce humaine. Et tous les hommes devraient en être contrits avec componction. Point n’est donc besoin de pondre des pamphlets hostiles au Christianisme et à l’Islam qui sont en réalité des émeraudes précieuses dont nous devons parer élégamment la trajectoire de notre vie. Pour nous rapprocher davantage de la Source, du Nectar qu’est Dieu, l’Alpha et l’Oméga, le Maître de l’Arcadie.

Vive le libre-arbitre spirituel afin que la Paix et la Fraternité soient !

Soyons tous bénis au nom de l’Eternel-Dieu! Amen !

 

Soilé Cheick Amidou, enseignant et écrivain-poète


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