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Le festival mettant en valeur les talents des artistes afrodescendants de Belgique, baptisé “Congolisation”, s’est déroulé, du 16 au 19 janvier 2020, dans plusieurs prestigieux espaces culturels de la capitale belge, Bruxelles. Organisé par le Belge d’origine congolaise Pitcho Womba Konga, acteur, producteur et rappeur, l’évènement artistique était, cette année, à sa 5e édition.
« Congolisation, c’est un pied-de-nez aux anciens coloniaux, persuadés des bienfaits de la colonisation, pour dire que le Congo a apporté aussi à la Belgique. », a déclaré l’organisateur du festival Pitcho Womba Konga, décryptant ainsi l’appellation du festival. Afin de souligner la « plus-value que la diaspora apporte à la Belgique d’aujourd’hui », le festival propose un coup de projecteur sur la vitalité de la création artistique de la diaspora.
Le Théâtre royal flamand (KVS) et l’AfricaMuseum à Tervuren, deux magnifiques institutions belges, ont accueilli le festival “Congolisation”. « Permettre à la diaspora de prendre possession de ces espaces, poursuit Pitcho Womba Konga, c’est lui donner la possibilité de raconter et de confronter ses imaginaires, ses histoires, ses sensibilités, sans intermédiaire, sans tabou, sans filtre ».
Festival “décolonial”, “Congolisation” vise aussi à contrecarrer les approches généralistes, qui abordent l’Afrique comme si elle n’était qu’un vaste pays. Le festival a monté deux expositions, deux concerts, organisé une conférence sur le rap, présenté le livre du réalisateur belge Matthias De Groof “Lumumba in the Arts” sur les représentations artistiques du père de l’Indépendance de l’ancien Congo belge, et fait venir des artistes de Londres, Dakar et Kinshasa.
Carlos Dou Becho, un danseur de Côte d’Ivoire, n’a pas obtenu son visa. Hautement symbolique : il devait participer à une pièce de la Sud-Africaine Moya Michael, installée à Bruxelles, qui portait justement sur la question de l’octroi des visas aux artistes africains. Du coup, la représentation a été chargée d’émotions.
Fredo Lubansu, comédien et metteur en scène, co-fondateur de l’association Afropean Project, a modéré et enregistré le débat sur un projet de « maison des cultures africaines » pour l’émission “Afropean Echo”, diffusée par la radio citoyenne Radio Panik (105.4 FM).
Beaucoup de questions restent soulevées par ce projet, porté par une élue socialiste, Barbara Trachte, ministre présidente du Collège de la commission communautaire française (Cocof) – autrement dit, le gouvernement francophone bruxellois. « Faut-il un lieu physique singulier ou pas, pour éviter le risque de ghettoïsation – comme l’exemple parisien du Tarmac l’a montré ? Faut-il continuer à demander des subventions aux institutions ou être totalement indépendant ? Doit-on inventer un modèle de gestion horizontal, et non plus vertical ? Faut-il inclure les Maghrébins et faire œuvre de “désaliénation”, pour venir à bout des freins entre communautés ? »
Pour répondre à toutes ces questions, les six experts afrodescendants consultés pour ce projet ont entrepris de le démocratiser, en organisant des « blocus » (cercles de réflexion thématiques) ouverts à la communauté.
Arsène DOUBLE
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